Réaction au rapport final sur la révision de la Loi sur l’éducation

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Réaction au rapport final sur la révision de la Loi sur l’éducation

IQALUIT, Nunavut (16 novembre 2015) – La commissaire aux langues réagit au rapport final du comité spécial chargé de réviser la Loi sur l’éducation déposé le 5 novembre 2015 devant l’Assemblée législative du Nunavut. Comme elle le recommandait dans sa présentation au comité spécial, la commissaire aux langues est d’accord avec le fait que la Loi sur l’éducation devrait énoncer un objectif général ou une vision (page 9 des recommandations du comité spécial), ainsi qu’avec le besoin de normaliser le système d’écriture de l’inuktut (page 10). Finalement, la commissaire aux langues est aussi d’avis que l’« éducation de la petite enfance joue un rôle de premier plan dans la réussite scolaire » (page 12).

« Toutefois, le rapport final m’apparaît rétrograde dans sa façon de protéger et de revitaliser l’inuktut, que le Nunavut a travaillé si fort à mettre en valeur. Certains énoncés du rapport sont troublants, poursuit la commissaire aux langues, Sandra Inutiq. Le comité spécial laisse entendre qu’il faut faire un choix entre “un solide programme scolaire” ou “un programme incluant la langue, la culture et l’histoire” (page 9). L’idée qu’il faille choisir entre la langue, la culture et l’histoire, d’une part, et une éducation de qualité, d’autre part, contribue à perpétuer le mythe colonialiste voulant que la culture et la langue inuit soient inférieures et ne puissent servir à l’éducation. La langue, la culture et l’éduction ne devraient pas être considérées comme incompatibles », souligne Sandra Inutiq.

Au moyen des lois linguistiques, le Nunavut aspire à l’égalité de toutes les langues officielles. La Loi sur la protection de la langue inuit et certaines dispositions de la Loi sur les langues officielles reconnaissent que la langue inuit est celle qui a le plus besoin de soutien pour être amenée à une relative égalité avec l’anglais et le français. Comme la Loi sur l’éducation a été rédigée durant la même période, ses objectifs s’harmonisent à ceux des autres lois linguistiques. « L’énoncé voulant que “les exigences des diverses lois doivent être compatibles avec la Loi sur l’éducation” ne m’apparaît pas clair. À moins que le rapport suggère que le droit linguistique n’a pas sa raison d’être. Retirer des droits est une affaire sérieuse », insiste Sandra Inutiq.

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Le comité spécial propose aussi un modèle unique (page 14), expliquant qu’il simplifierait l’offre des programmes d’éducation. Il n’est toutefois pas précisé quelle langue serait préconisée comme moyen d’instruction dans ce modèle unique. Dans sa présentation écrite, la commissaire aux langues insiste sur l’importance de tenir compte des différentes réalités linguistiques des collectivités. Pour protéger et revitaliser l’inuktut, différentes options doivent être envisagées considérant ces diverses réalités linguistiques.

Le comité spécial avance aussi qu’en raison du faible niveau de bilinguisme des enseignants, il devrait y avoir « un modèle d’enseignement dans une seule langue » (page 14). Il est inquiétant de présumer de la langue qu’il privilégie, compte tenu du prétexte utilisé précédemment et ce, malgré le fait que les recommandations insistent sur l’importance de poursuivre les efforts de promotion, de recrutement et de rétention des enseignants et des éducateurs (recommandation 12). « Si l’anglais est adopté comme principale langue d’enseignement, alors l’assimilation se poursuivra, mettant ainsi l’inuktut encore plus en péril. Nous devons nous demander si c’est ce que nous voulons comme territoire. » L’atteinte d’une relative égalité est « complexe et difficile à gérer » et, en l’absence d’une incitation majeure, l’utilisation de l’inuktut continuera de décliner à grande vitesse compte tenu de notre jeune population.

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Renseignements aux médias

Karliin Aariak

Agente d’enquête et de recherche – Langue inuit

Bureau du commissaire aux langues du Nunavut

867 975-5087

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